StrayBirds - Peinture Chinoise, Sumi-e

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La technique du pinceau


Technique ou philosophie artistique ?

 

  

 

Grenouilles de Qi Baishi-1.jpg

  

 

 

La technique d'utilisation du pinceau est simple. Ce qui l'est moins, c'est de savoir où et comment appliquer l'encre ou la couleur sur la feuille, afin de donner l'illusion de l'espace ou de faire naître la masse d'un paysage.

 

L'encre étant indélébile et son tracé étant définitif, il est impossible de corriger le trait une fois sur le papier. Qui plus est, le pouvoir absorbant du papier utilisé interdit toute hésitation ; chaque touche doit être rapide et précise.  L'artiste doit donc visualiser son œuvre et doit en avoir un schéma complet dans sa conscience bien avant de débuter son exécution. Cela est d'autant plus vrai que cette technique de peinture interdit toute forme de croquis ou d'esquisse. Il n'y a pas d'essai possible.

 

Il s'agit là de la plus pure expression de l'âme du peintre et de l'essence de la chose peinte.

Une philosophie artistique...

 

 

 

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S'inspirer de l'essence du modèle à peindre avant même de le reproduire dans toute sa vérité sur le papier...

 

Avant que le pinceau ne touche le papier, le bambou est déjà dans ton coeur.

 (Wen Tong, 1018-1079)

 

  

 

 

 

 

  

On parle de sumi-e pour cette technique de dessin née en Chine et reprise par les artistes japonais au 14e siècle grâce aux moines bouddhistes zen. La peinture sumi-e et la calligraphie chinoise sont liées car la technique du pinceau dans ces deux disciplines est identique.

 

Les fondements de cette technique s'apprennent donc en pratiquant la calligraphie. Ceci permet à l'artiste de se concentrer sur le cheminement du pinceau sans devoir s'inquiéter des couleurs et de la composition.

 

 

 

 Oiseau style Lingnan bandeau.jpg

 

 

 

 

Pour comprendre les principes élémentaires de la peinture sino-japonaise, il est intéressant de lire un extrait du livre d'Eiji YOSHIKAWA La lumière parfaite mettant à l'honneur Myamoto Musashi :

 

"Celui-ci était à genoux, silencieux, comme en méditation, son pinceau et son encrier à côté de lui. Il avait déjà fini une peinture : un héron sous un saule. Le papier qui se trouvait maintenant devant lui était encore vierge. Il se demandait quoi dessiner. Ou plutôt, il essayait en silence de se mettre dans l’état d’esprit qu’il fallait, car c’était nécessaire avant de pouvoir se représenter le tableau, ou de savoir quelle technique il emploierait.

Il considérait le papier blanc comme le grand univers de la non-existence. Un simple coup de pinceau y ferait naître l’existence. Il pouvait évoquer la pluie ou le vent à volonté ; mais quoi qu’il dessinât, son cœur subsisterait à jamais dans le tableau. Si son cœur était corrompu, le tableau serait corrompu ; si son cœur était agité, le tableau le serait aussi. S’il essayait de faire étalage de son adresse, impossible de le cacher. Le corps humain s’efface, mais l’encre survit. L’image de son cœur survivrait après que lui-même aurait disparu.

Il se rendit compte que ses pensées le retenaient. Il était sur le point d’entrer dans le monde de la non-existence, de laisser son cœur parler seul, indépendamment de son ego, libéré de la touche personnelle de sa main. Il essayait d’être vide, attendant l’état sublime où son cœur s’exprimerait à l’unisson de l’univers."

 

 

 

 

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Lorsqu'il y a contraste et harmonie entre les vides du blanc et les marques nerveuses et vivantes de l'encre, lorsque l'artiste parvient à créer l'équilibre entre le motif peint, l'espace vide de la feuille, la calligraphie et les sceaux, alors il donne une âme au tableau.

 

 

  

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28/06/2011
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